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Automédication : Un mal nécessaire ?

 

L’automédication est un problème que l’on a souvent évoqué et qui se pose surtout pour ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et qui, à plus forte raison, n’ont tout simplement pas de quoi se payer une consultation.

«Je veux voir le docteur SVP». Nous étions dans une… pharmacie. Les têtes se tournent vers le bonhomme qui a formulé cette demande… Quelques-uns ont souri. Le «docteur», en fait, c’était un des cadres paramédicaux qui s’affairaient derrière le comptoir. Appelons-le Amine. Il est connu pour les médicaments qu’il recommande pour ceux qui se présentent et lui décrivent leurs maux. Sans broncher, Amine demande, tout de suite, de l’arrière-salle, ce qui se passe.

Un problème !

Mais il a une qualité. Il sait où s’arrêter lorsque le malade présente des symptômes quelque peu difficiles à diagnostiquer : «Vous devez voir le médecin ou aller vers le dispensaire ou l’hôpital le plus proche», prône-t-il. L’automédication est un problème que l’on a souvent évoqué et qui se pose surtout pour ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts et qui, à plus forte raison, n’ont tout simplement pas de quoi se payer une consultation. Cela consiste à prendre des médicaments sans consulter au préalable un professionnel de santé, pour des symptômes mineurs ou des maladies bien connues (rhume, grippe, toux, maux de tête, maux de gorge, courbatures, etc.). Ces médicaments en vente libre sont à base de plantes ou des médicaments précédemment prescrits. Les raisons de recourir à l’automédication sont diverses. C’est une question de commodité pour les uns, une satisfaction d’accéder rapidement à un soulagement pour les autres. C’est aussi par… fanfaronnade, en montrant «qu’il sait tout». C’est, enfin, par mesure d’économie. Il y a ceux qui conservent les ordonnances pour avoir sous la main ce dont ils ont besoin le moment venu.

Difficile, parfois, de changer son avis !

Les informations en ligne abondent. Elles sont si convaincantes, qu’on n’hésite plus à shunter le médecin. «Vous avez traversé la salle d’attente, nous dit un médecin à qui nous avons rendu visite. Le tiers des personnes qui sont là n’ont rien du tout. Je les connais. Ils viennent souvent pour un petit soupir en plus. D’un côté, nous avons ceux qui consultent pour un oui ou un non et, de l’autre, ceux qui s’adonnent à l’automédication, parce qu’ils n’ont pas les moyens de venir nous voir en désespoir de cause». La maladie persiste, le corps s’affaiblit et avec ces virus qui tournoient un peu partout, c’est un début de frayeur qui s’empare du sujet».

Et si nous parlions de ces risques en étant positifs. «L’automédication n’est pas sans risques. Un mauvais diagnostic, un usage inapproprié de médicaments, une surdose, des incompatibilités, des réactions secondaires provoquées par l’interaction médicamenteuse dangereuse sont à craindre.

Cela peut retarder le diagnostic. Ce qui entraîne des complications ou des aboutissements défavorables», affirme-t-il, avouant qu’il y a des remèdes de grands-mères qui marchent encore. C’est à base de plantes, de graines et autres produits. Quand elle est pertinente, elle est en mesure de calmer et même de guérir le malade.

Ce n’est pas une raison de s’enfermer dans une bulle de déni et croire que l’on a décelé des symptômes connus et que la maladie est bénigne. Le patient décide, de façon unilatérale active, des soins qu’il va apporter à son mal. Et c’est difficile de le faire changer d’avis.

Consulter un médecin, une priorité

Et de se rétracter, «il y a maintenant des maladies qui résistent. Il faut des médicaments. Pour ne pas exagérer et faire peur, il est plus raisonnable de convaincre. On peut, pour limiter les dégâts, conseiller de bien lire les notices, consulter la partie consacrée aux conséquences, et surtout ne pas s’entêter. La consultation d’un médecin reste une priorité. Si le médecin n’est pas dans les parages et que l’on n’a pas la possibilité de le joindre, on peut consulter un pharmacien, qui vous conseillera les premiers soins, sur la route d’un médecin, à qui revient le droit exclusif d’émettre un diagnostic.

Un usage prolongé de médicaments sans avis médical représente un danger. Il faudrait être assez lucide pour ne pas courir ce danger». Le médecin s’arrête un moment et poursuit : «Je voudrais être juste. Les conditions de remboursement de la Cnam ne laissent pas beaucoup de choix. On traite mal les gens. Les agents qui reçoivent sont d’un abord rugueux. Ils sont convaincus qu’ils vous rendent service en répondant à vos questions, alors que c‘est leur travail. Les files sont longues. Indépendamment de l’argent, il y a des comportements qui blessent et bloquent bien de bonnes volontés». Pour terminer, que peut-on conseiller à ceux qui veulent jouer à l’apprenti médecin ? «A vrai dire ce ne sont pas des conseils, mais des mises en garde. S’il s’agit d’un enfant malade, de femmes enceintes, de personnes souffrant d’allergies ou d’affections particulières. Il ne faut jamais jouer avec le feu». Aussi, faut-il absolument demander conseil à un pharmacien avant d’acheter un médicament ou d’utiliser un médicament conservé, respecter la posologie, respecter les conditions de prise du médicament. Avant ou après les repas, le matin, le soir, en dehors des heures de repas ?

C’est important. Prendre connaissance des effets secondaires du médicament, ainsi que des contre-indications, vérifier la date limite d’utilisation indiquée sur l’emballage, c’est encore mieux.

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